Chercher l'unité avec les jaunes, c'est courir de défaite en défaite !

Publié le par CUFSC

    En 2003, après la grande journée d'action du 13 mai, Chérèque et sa CFDT recentrée avaient sciemment divisé le mouvement en acceptant l'alignement du public sur les 40 annuités du privé (au lieu de lutter pour rétablir les 37 ans 1/2 pour tous).

    En 2007, Chérèque ne s'est même pas montré à la manif du 18 octobre. Tant mieux, il n'aura pas à poignarder l'unité des grévistes en cours de route et son absence n'a pas empêché, bien au contraire, la grève d'être géante. Mais les faux-frères ultra-corporatistes de la direction de la FGAAF ont avantageusement remplacé le jaunissant dirigeant de la CFDT et digne héritier de Notat (qui a parrainé le plan Juppé en décembre 95) : alors qu'ils appelaient à la grève reconductible, les chefs de la FGAAF ont vendu l'ensemble des cheminots (et des agents RATP, EDF, GDF, de milliers de fonctionnaires, de certains salariés du privé...) pour négocier dans le dos des grévistes un accord bidon avec la direction SNCF : en réalité c'est un marché de dupes puisque le gouvernement n'a rien signé et que l'accord se ferait de toutes manières sur un RECUL social pour les conducteurs !

Il faut appeler un chat un chat : des individus qui négocient de telles saletés sont des traitres à la classe ouvrière en général, et aux cheminots en particulier, y compris aux conducteurs. Ils sont en outre bien naïfs : n'oublions pas qu'en 2003, le gouvernement dont faisait partie Sarkozy a juré, pour diviser le front syndical du secteur public, que les régimes spéciaux ne seraient pas touchés (si bien qu'aujourd'hui certains fonctionnaires, qui prendront leur retraite à 65 ans, hésitent à soutenir les cheminots): Sarkozy avait également juré devant les députés qu'ils ne privatiserait jamais GDF-EDF ! Bref, les modernes Judas n'obtiennent même pas leur trente deniers pour vendre leur cause!

    C'est pourquoi il faut absolument repenser la question de l'unité syndicale:  alors que les O.S. issues du syndicalisme de lutte (CGT, FSU) se font aujourd'hui une religion de chercher l'unité à tout prix (le fameux "syndicalisme rassemblé" qui les conduit à coller à Chérèque ou à s'affilier à ces courroies de transmission de l'Europe supranationale et de la mondialisation capitaliste que sont la CES et la CSI), il faut revenir à cet enseignement de toute l'expérience ouvrière : l'unité vaut dans, pour et par l'action. En aucun cas elle ne peut se faire contre l'action.


    Bien entendu il ne faut pas confondre les dirigeants des syndicats jaunes avec leurs adhérents de bonne foi ; mais à l'inverse il ne faut pas épargner ces directions traîtresses sous prétexte de maintenir de bons rapports à la base avec ceux de leurs adhérents qui veulent sincèrement l'unité d'action. A l'égard de jaunes, c'est le piquet de grève démocratiquement voté qui est la pratique internationale des syndicats de lutte, réellement indépendants du patronat et de son Etat.

    A l'adresse des dirigeants qui poignardent les grèves dans le dos, l'écrivain et syndicaliste de lutte Jack London avait jadis eu ces mots définitifs : "quand Dieu eut créé la vipère, le scorpion et le rat, il lui resta un peu de boue: il créa le jaune".

Publié dans LUTTES-ACTUALITES

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