Mai 68-Mai 2008

Publié le par CUFSC


Mai68 - mai 2008 : plus que jamais le progrès social passe par le combat de classe
tous ensemble
et en même temps des salariés et de la jeunesse



   France, mai-juin 1968 : neuf millions de salariés, classe ouvrière en tête, font grève, manifestent et occupent leur entreprise. Non seulement en solidarité avec les étudiants réprimés par le pouvoir des monopoles capitalistes, mais pour combattre l’austérité salariale, défendre la Sécu attaquée par le gouvernement, améliorer les conditions de travail et de rémunération. Dans la tête des ouvriers en grève et de la majorité des étudiants en lutte l’aspiration à un changement profond qui s’exprimera dans la rue par les slogans « 10 ans ça suffit ! » et « gouvernement populaire ! ».

 

A l’arrivée de ce mai des étudiants et des prolétaires, de prodigieuses avancées salariales, la légalisation des sections syndicales d’entreprise, une impétueuse dynamique de progrès social qui se poursuivra pendant toute la décennie 70, l’amorce de la démocratisation de l’Université et des lycées, de grandes avancées sociétales pour la jeunesse, les femmes, le mouvement des idées et pour l’ensemble de la société. Et non seulement l’économie française ne s’est pas écroulée quand les revendications furent satisfaites, mais les années 70 ont été parmi les plus dynamiques sur le plan de la croissance !

Pourtant à prendre connaissance des articles et des émissions sur mai 68 paraissant dans la grande presse et dans les grands médias, le rôle central de la classe ouvrière et de son combat anticapitaliste est complètement occulté. Sont mis en vedette quelques individus passés du « col mao au Rotary » qui n’ont eu dans leur vie qu’une constante : l’anticommunisme et l’anti-cégétisme.

Il est pourtant clair que Mai 68 n’aurait pas pu être la plus grande grève ouvrière et étudiante de l’histoire sans l’influence de la grande CGT de lutte des classes alors conduite par Benoît Frachon et Georges Séguy et affiliée à la Fédération Syndicale Mondiale. Cela ne signifie pas que la CGT d’alors aurait régenté le mouvement, qui fut au contraire de bout en bout l’affaire des grévistes ; cela ne signifie pas non plus que la CGT n’aurait alors commis aucune erreur ; cela signifie surtout que le syndicalisme de classe et de masse alors porté par la CGT de la base au sommet permettait aux travailleurs comme aux étudiants, y compris à ceux qui étaient sensibles à l’anti-cégétisme « de gauche », de désigner clairement l’ennemi de classe, -le grand capital-, de développer la solidarité de classe anticapitaliste au-delà des différences de branche, de génération et d’origines, d’impulser les luttes pour le progrès, la paix et la démocratie à l’échelle de la nation comme à l’échelle internationale.

Aujourd’hui, alors que la France est livrée à la plus grave offensive antisociale, antinationale et anti-démocratique depuis soixante ans, alors que Sarkozy, le MEDEF et l’Union européenne de Maastricht veulent « faire la peau » de tous les acquis sociaux de 68, 45, 36, et même de certaines conquêtes démocratiques héritées de 1789, que manque-t-il aux travailleurs et aux jeunes, qui souvent avec la participation de militants CGT (mais pas seulement) mènent des luttes combatives (salaires, emploi, Education nationale, Recherche et Université, retraites, Sécu, etc.), pour stopper la « rupture » à la Thatcher de Sarko-MEDEF et faire renaître l’espoir de changer en profondeur la société ?

Pour nous comme pour des millions de travailleurs salariés, qui expriment dans un sondage récent l’idée qu’ils participeraient à un grand mouvement d’ensemble contre le pouvoir, il manque une véritable direction syndicale de lutte de classes qui travaille à fédérer les luttes, à désigner l’adversaire capitaliste, à coordonner les actions, à faire germer à partir de chaque action partielle le « tous ensemble et en même temps » ; une direction qui, sans prétendre qu’on décrète la grève générale, travaille concrètement à préparer avec les salariés les conditions de l’affrontement de classe victorieux avec ce pouvoir destructeur. Une direction syndicale qui fasse le lien entre toutes les contre-réformes, qui ose dénoncer la nocivité de l’Europe du capital et du système capitaliste, dont l’inhumanité et la rapacité sont bien plus grandes qu’en 68 maintenant que ce système a été re-mondialisé par l’histoire. Il manque aussi une véritable perspective pour les luttes, qui sont bien plus fortes quand elles ont pour horizon un profond changement de société, impossible sans la socialisation des grands moyens de production et le pouvoir des travailleurs, à l’encontre de ce que prétendent la CES et la CSI qui acceptent la propriété capitaliste des moyens de production, la mondialisation capitaliste, l’Europe supranationale et qui prônent la collaboration capital-travail et le syndicalisme d’accompagnement des contre-réformes.

C’est pourquoi, persuadés que la classe ouvrière et le monde du travail de France n’ont pas dit leur dernier mot face à la casse des acquis, nous appelons les syndicalistes de lutte, qu’ils représentent les salariés du public, du privé, les privés d’emploi, les retraités, les étudiants et lycéens, les travailleurs français et immigrés, à multiplier les rencontres et à se fédérer partout pour que monte rapidement l’exigence d’une grande action « tous ensemble et en même temps » contre l’ensemble de la politique de Sarkozy-Fillon, du MEDEF et de l’Europe du grand capital.

  

Tous ensemble osons dire que cette politique et ceux qui la mènent à l’abri d’une constitution européenne bis imposée en violation du référendum de mai 2005, sont illégitimes ; en 68, les manifestants étudiants et salariés clamaient dix ans ça suffit pour dire leur opposition au régime monarchique institué par la 5ème République. En 2008, clamons clairement « un an ça suffit » à ceux qui dépècent notre pays et le meilleur de son héritage social, laïque et républicain.

Comme en 68, mieux qu’en 68, prenons conscience qu’aucun pouvoir capitaliste, si arrogant soit-il, ne peut résister aux travailleurs quand ils s’unissent à la jeunesse dans le combat anticapitaliste pour le progrès social !

Comme en 68, construisons un syndicalisme de classe gage d’unité et de succès pour le monde du travail !


Premiers signataires : Roger Silvain (métallo Renault retraité, secrétaire général adjoint de la CGT Renault en 1968), Jacques Leclercq (Sec. gal UL CGT Douai, 59), Philippe Raganaud  (CGT, ancien membre du Comité Exécutif CGT Renault), Patrice Bardet (Ufict-CGT, 59), Jacques Le Meur (CGT, 22), Bernard Colovray (CGT, 69), Jacques Magnin (CGT, 74), Gilbert Enaud (CGT, 17), Jacques Taillieu (secrétaire général adjoint CGT des communaux de Bruay-la-Buissière), Benoit Foucambert (FSU, 28), Pascal Rolando (FSU, 28), Giovanni Di Mino (FSU, 13), René Barthes (FSU, 13), Sigrid Girardin (FSU, 28), Bernard Parquet (CGT, 94), Jacques Lacaze (CGT, 62), Georges Gastaud (FSU, 62), Vincent Flament (FSU, 59), Jean-François Dejours (FSU, 62), Marc-Olivier Gavois (FSU, 13), Jacques Tourtaux (CGT, 51), Michelle Mallet (CGT , 75), Bernard Guillaumin (FSU, 78), Robert Rondeau (CGT, 78), Christophe Leclercq  (DS CGT Brasserie DOUAI), Alain Pilniack (DS CGT Mission Locale pour l'emploi DOUAI), Aurélien Volpi (DS CGT CAT Transports DOUAI CUINCY), Marcel Lemaire (DS CGT RFA NORD DOUAI), Jean Marc Massemin (DS CGT AXTER DOUAI), René Chmielezki  (DS LACTALICE DOUAI), Haddouch Mohamed (DS CGT SAVELYS DOUAI), Nadyne Dubus (Secrétaire Adm. UL CGT DOUAI), Gwizdeck Bernadette (S MAVIE DOUAI), Eric Doisy (PD CE CGT Brasserie DOUAI), Jérôme Guilain  (EX DS CGT DELPHI DOUAI), Aurélien Djament (CGT, 44), Jean Lévy (anc. Resp CGT des banques, 94), André D.Andrade (CGT sociétés d'études, 93), Andrée Houseaux (CGT, 62), Michèle Musu (CGT, 62), Jean-François Maison (CGT, 62), Sylvain Marsaud (secrétaire général du syndicat CGT CATU, membre de la direction fédérale de la métallurgie CGT), Dominique Négri (CGT, 38), Nicole Rives (CGT 59), Jihad WACHILL (président de la FSE-Amiens), Olivier Lefevre (SNADGI-CGT Aisne)

Publié dans LUTTES-ACTUALITES

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